Retour sur le rêve éveillé de Linas-Montlhéry
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Draxler au duel lors de la victoire 6-0 du PSG face à Linas-Montlhéry - AFP
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Ils ont fait vibrer 15 000 personnes dans le stade Robert-Bobin à Bondoufle lors du 32ème de finale de la Coupe de France face au Paris Saint-Germain. Les joueurs de Linas-Montlhéry ont vécu ce que chaque footballeur amateur rêve de vivre un jour : affronter le gros club de sa région. Retour sur ce rêve rouge et bleu.
Le 12 Janvier dernier, les joueurs et le staff de Linas-Montlhéry ont vécu un véritable rêve éveillé. Qualifié pour les 32ème de finale de la Coupe de France, le petit club de Régional 1 situé dans le 91 affrontait le Paris-Saint Germain, équipe la plus titrée dans l’histoire de la compétition. Si le résultat ressemble plus à un cauchemar qu’à un rêve (6-0 pour les Parisiens) les membres du club garderont à jamais cette journée gravée dans leur mémoire.
Il n’y a pas que les Parisiens qui se sont illustrés au stade Robert-Bobin. Parmi les noms à être ressortis lors du match il y a celui d’Ali Lutumba, le jeune portier de l’équipe amateur. Malgré les 6 buts encaissés, ce grand fan de Liverpool a su briller plusieurs fois notamment sur des frappes d’Edinson Cavani, qu’il a écœuré à plusieurs reprises. Si le Matador est finalement parvenu à tromper deux fois le jeune gardien de 20 ans, l’uruguayen n’a pas manqué de féliciter son adversaire du soir : « Il m’a encouragé et m’a dit que j’avais fait de bons arrêts » raconte l’intéressé. « Je n’ai pas encore revu le match mais on m’a montré des vidéos de mes parades et ça fait vraiment plaisir de voir ça. » avoue-t-il. Si l’opposition entre Ali Lutumba et le meilleur buteur du Paris Saint-Germain illustre bien l’écart de niveau entre les deux équipes, les arrêts réflexes du jeune gardien montrent aussi l’état d’esprit de Linas-Montlhéry qui a su créer du jeu et se procurer quelques occasions jusqu’à même obtenir un penalty qui finira malheureusement pour eux dans les bras de Sergio Rico. « On savait qu’on ne pourrait pas gagner donc l’idée c’était de faire en sorte d’avoir des compliments sur notre philosophie de jeu à la fin du match. » raconte Stéphane Cabrelli, entraîneur du club amateur. A 52 ans, ce fan inconditionnel du Paris Saint-Germain ne s’imaginait pas vivre une telle journée « C’est difficile quand on est entraîneur d’une équipe amateur d’imaginer pouvoir vivre ça. D’une part parce que c’est assez difficile d’atteindre les 32e de finale mais aussi parce qu’il faut avoir un peu de chance sur le tirage au sort. » explique-t-il. Abonné au kop Boulogne pendant plus de 10 ans, l’entraîneur (qui n’a pu s’empêcher de fredonner quelques chants entonnés par les ultras parisiens qui avait fait le déplacement), n’a pu retenir très longtemps sa passion et son amour envers le club de la capitale : « A la fin du match je suis aussi allé voir Cavani et Marquinhos pour leur dire que c’était deux joueurs extraordinaires et que c’était important d’avoir des gars comme ça au PSG. J’ai aussi pu échanger avec Thomas Tuchel je lui ai dit que je lui souhaitais plein de bonnes choses pour cette deuxième partie de saison notamment sur le plan européen. ».
Même si le score témoigne de l’écart de niveau entre les deux équipes, la mission personnelle de Stéphane Cabrelli est accomplie puisque son équipe a su jouer son jeu comme elle a l’habitude de le faire au niveau régional, ce qui leur a permis de faire bonne figure dans la presse : « Le Parisien a tenu des propos très élogieux sur notre l’équipe et plus particulièrement sur notre jeu. C’est en quelque sorte notre victoire à nous ! » avoue le coach avec fierté.
Pourtant tous les joueurs ne sont pas ressortis complètement satisfaits de leur match. C’est notamment le cas de Pascal Leno, l’attaquant du club francilien sorti à la 64ème minute. « Je trouve que j’ai fait un mauvais match. Je n’étais pas à 100%. » raconte le jeune homme de 22 ans qui semble s’être mis un peu trop la pression. « Je me disais si tu marques contre le PSG tu as le monde à tes pieds, mais malheureusement je n’ai pas réussi, je n’ai pas eu assez d’occasions. ». Pourtant, malgré sa pointe d’amertume, ce fan de l’AS Saint-Etienne reste fier de ce que lui et ses coéquipiers ont accomplit : « Je suis super fière de notre parcours et d’avoir pu jouer contre le PSG. C’est quelque chose d’incroyable que tu ne peux même pas imaginer quand tu joues en amateur. ». Au final, le score de la rencontre est probablement la dernière chose à retenir de ce match. Car oui malgré la défaite, les joueurs et le staff de Linas-Montlhéry ont vécu une aventure humaine et sportive extraordinaire que seul le football peut offrir. De plus, le club de la capitale a logiquement laissé la recette du match au président de Linas-Montlhéry. « Ça va rentrer dans les caisses du club pour les mauvais jours » explique Stéphane Cabrelli qui admet ne pas comprendre pourquoi l’Olympique de Marseille n’a pas fait de même pour Trélissac : « Je trouve ça petit. Je sais qu'on peut dire que c’est de la démagogie parce que je suis supporter du PSG mais je parle vraiment en tant qu’entraîneur d’une équipe amateur. Pour moi c’est vraiment petit surtout quand on se dit être un grand club comme Marseille. ».
Depuis son match face au Paris Saint-Germain, le petit club a retrouvé son anonymat et a reprit ses deux entraînements hebdomadaires pour se préparer à la deuxième partie de saison puisque le club compte bien jouer la montée cette année. De son côté le PSG affrontera Lorient en 32ème le 19 janvier prochain afin d’accéder à la suite de la compétition et se rendre jusqu’en finale pour soulever à nouveau la Coupe de France, laissé au Stade Rennais la saison dernière.
Propos recueillis par Barnabé Devaux.
Photos : AFP
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