Edinson Cavani : de l’Uruguay à Paris

Edinson Cavani - PSG/psg.fr

16 juillet 2013, les valises sont posées pour l’uruguayen, Edinson Cavani. L’ancien joueur de Naples signe au Paris-Saint-Germain pour la somme record de 64 millions d’euros. Il devient le joueur le plus cher de Ligue 1, à cette époque. Discret, loin des strass et des paillettes, l’attaquant plaît et se fait doucement sa place au sein de l’équipe. Seulement, son aventure parisienne n’a pas toujours été rose. D’abord mit au second plan, derrière le légendaire Zlatan Ibrahimovic, puis, depuis 2017, mis en difficulté avec l’arrivée de deux des meilleurs joueurs du monde : Neymar Jr et Kylian Mbappé. Plus récemment encore, il a dû sacrifier sa place à Mauro Icardi. 

Retour sur un parcours, semé d’embuches mais porté par la passion du football et l’envie de s’imposer dans cette équipe Rouge et Bleu. 

2013 : Arrivederci e grazie, Napoli ! 

Tout droit venu d’Italie, Edinson Cavani sort de trois belles saisons avec Naples. 104 buts en 138 matchs, idole absolue des tifosi, l’attaquant a déjà tout pour plaire. Le Paris-Saint-Germain l’a bien compris. Les Qataris ayant pour but d’aller le plus loin possible en Ligue des Champions, voire même de la gagner, Edinson Cavani est séduit par le projet et rejoint le club de la capitale. Il rejoint Thiago Silva, Zlatan Ibrahimovic ou encore son ancien coéquipier de Palerme, Javier Pastore. 

Les débuts sont difficiles pour El Matador. Habitué à jouer dans l’axe, il est compliqué pour lui de se positionner ainsi à cause du suédois. Il est donc placé à gauche, un joueur d’une telle qualité ne pouvait rester sur le banc. Sa carrière à Paris est lancée. 

Sa première année est délicate. Moins décisif qu’à Naples où il marque 29 buts lors de sa dernière saison, sa position sur l’aile ne lui permet d’être aussi prolifique. Cavani termine l’année 2013/2014 avec 16 buts en 30 matchs en championnat. Des statistiques qui restent honorables. Malgré ça, sa situation ne lui plaît pas et il le fait savoir : « Pour un attaquant habitué à conclure les actions, habitué à marquer et qui, aujourd’hui, doit accomplir d’autres tâches, non, ce n’est pas facile, c’est vrai. Avec le temps, ça commence, disons, à être un peu pesant. » Sa frustration est grande. Lui, se voyait jouer en 442. C’est d’ailleurs cette composition qui l’a convaincu de venir à Paris. C’était sans compter sur l’envie de Laurent Blanc de jouer en 433.

Avril 2014, son avenir dans le club rouge et bleu reste flou. Si ça ne change pas, peu de chances qu’il reste. De plus, El Matador ne semble pas avoir convaincu tous les supporters. Beaucoup se posent des questions sur l’attaquant, il ne répond pas totalement à leurs attentes. Ses occasions manquées et son imprécision devant le but ont tendance à agacer certains d'entre eux. Sa combativité et son caractère restent tout de même des points importants. Un retour à Naples est cependant envisagé, là où il a brillé.

Il termine la saison 2014-2015 avec 31 buts, toutes compétitions confondues. Un bon ratio pour un joueur critiqué. Titulaire durant les 6 premiers mois de la saison 2015-2016, sa deuxième partie se montre plus délicate. Ses quelques 24 minutes de jeu lors de la double confrontation face à Chelsea peuvent en attester. Passé derrière Lucas dans la hiérarchie, l’uruguayen a des idées de départ. Il est de plus en plus difficile pour lui de supporter cette situation.

2016 : il m’entraîne au bout de la nuit, Edinson Cavani ! 

Souvenir inoubliable : La clim' de Cavani au Vélodrome face à l'Olympique de Marseille en 2018.

Zlatan Ibrahimovic s’en va. Edinson Cavani va renaître de ses cendres. Replacé à son poste de prédilection, « Edi » réalise sa meilleure saison avec le Paris-Saint-Germain mais aussi de sa carrière. 49 buts, dont 35 en championnat, en 48 matches, le Matador est bel et bien là. Seul Lionel Messi fait mieux sur cette saison avec 51 buts en 50 matchs. Il remporte logiquement le trophée UNFP du meilleur joueur de Ligue 1. Mérité. Il réussit à montrer l’étendue de son talent et prouve qu’il est l’un des meilleurs attaquants du monde.

Les supporters parisiens sont conquis. Après trois longues années, Edinson Cavani a enfin pu s’imposer. Jusqu’à devenir, aujourd’hui, une légende du club. Meilleur buteur du Paris-Saint-Germain, devant Zlatan Ibrahimovic ou encore Pedro Miguel Pauleta, avec 200 buts en 301 matchs.

Cavani a su gagner le coeur des Parisiens.

La célébration d'Edison Cavani lors de son 200e but sous les couleurs parisiennes face à Bordeaux, le 23 février 2020.  - PSG/psg.fr

Au-delà des supporters des rouges et bleus, le Matador a séduit la Ligue 1. Toutes les équipes rêveraient d’avoir un tel footballer : décisif, humble et exemplaire, Edinson Cavani est le joueur idéal. Ce n’est pas l’ancien défenseur de Toulouse, François Moubandje, qui dira le contraire : « Voir un attaquant se dépouiller autant pour l'équipe, c'est génial et assez rare dans le foot. C'est quelqu'un qui m'inspire beaucoup de respect, car c'est un attaquant qui défend. Il propose énormément de solutions, ça doit être un plaisir de jouer avec lui. » Les supporters lui consacrent même un chant. Sur un air des « Démons de minuit », c’est le Matador qui les entraîne jusqu’au bout de la nuit.

Seulement, la domination en attaque de l’Uruguayen sera de courte durée. Le plus gros mercato de l’histoire est sur le point de débuter. Les arrivées de Neymar Jr et Kylian Mbappé au PSG compliquent la donne pour Cavani. Selon les médias, la MCN ne s’entend pas, les deux joueurs ayant dû mal à trouver Edi. Jusqu’à même créer un « penalty gate ». Face à Dijon, le 17 janvier 2018, Neymar refuse de donner le penalty à Cavani, but qui aurait pu lui permettre de devenir le meilleur buteur du PSG. Il obtiendra ce record lors de la 23ᵉ journée, au Parc, face à Montpellier, 10 jours après cette affaire. Malgré tout ce qui a pu se dire sur cette attaque de feu, Edi termine meilleur buteur de Ligue 1 avec 28 buts, devant le marseillais, Florian Thauvin, 22 buts. Il permet également de garder l’invincibilité des parisiens face à l’Olympique de Marseille le 22 octobre 2017. Menés d’abord 1-0 (16’) par les joueurs de Rudi Garcia, Neymar égalise (33’) avant de prendre un carton rouge à la 87’. Thauvin double la mise pour les olympiens à la 78’. Cela faisait depuis le 27 novembre 2011 que l’OM n’avait pas battu le PSG. Tout était réuni pour que cette domination s’arrête. Seulement, Cavani en a décidé autrement. Il provoque une faute juste devant la surface de réparation. Coup-franc pour les rouges et bleus. Il le tire et marque. Le stade s’éteint pour laisser place à la rage de vaincre de l’uruguayen. Un nul important autant pour les supporters que pour les joueurs. 

Ce match reflète parfaitement la mentalité d'Edinson Cavani : combatif et toujours prêt à tout donner pour l'équipe. Cependant, Kylian Mbappé est placé dans l’axe à la demande du nouveau coach allemand, Thomas Tuchel. Plus performant à ce poste, il semble donc logique que le jeune prodige soit utilisé ainsi. 

2020 : la fin d’une ère. 

Edinson Cavani à l'issue des 8es de finale face au Borussia Dortmund (victoire 2-0), le 11 mars 2020 - C.Gavelle/PSG

À l’automne 2019, Edinson Cavani fait savoir son envie de rester, pour deux années de plus, aux dirigeants. Seulement, ils ne voient pas les choses de la même façon. Mauro Icardi, arrivé de l’Inter Milan en prêt, est plus souvent aligné que Cavani. Blessé à la hanche le 25 août, le Matador laisse donc rapidement sa place à l’argentin. Une blessure qui dure puisqu’il est de retour dans le groupe le 17 octobre, face à Nice. Icardi a eu le temps de s’adapter et est, depuis, généralement préféré à la pointe de l’attaque en championnat et en Ligue des Champions. Passé de légende du club à remplaçant, le changement est plutôt brutal. 

Il reste tout de même dans le cœur des supporters et plus particulièrement le Collectif Ultras Paris. Neymar ayant eu des envies de départ durant tout l’été, le CUP n’a pas apprécié son comportement et le fait savoir. Chantant à tous les matchs pour Cavani, même quand il ne joue pas, les Parisiens semblent avoir bel et bien été marqués par l'uruguayen. Ce ne sont pas les seuls puisqu'il aura aussi laissé son empreinte en Ligue 1 de par son talent, son élégance mais aussi sa force de caractère.

Il réussit à passer la barre symbolique des 200 buts avec Paris. Malheureusement, le directeur sportif, Leonardo, a officialisé le départ de Cavani. Une décision qui désole Carlos Bianchi (attaquant du PSG de 1977 à 1979). Il déclare dans Ouest France : " Ça me fait de la peine. Le football aujourd’hui, c’est la société. On prend des décisions utiles mais sans sentiment. Arrive un moment donné où un club n’a plus besoin de vous, et bien c’est simple, il ne vous garde pas. Et cela va très vite. Quand on a besoin de vous, on serait prêt à faire n’importe quoi. Mais dès que ce n’est plus le cas, on vous met dehors. " Seulement, avec la situation exceptionnelle de pandémie, le Matador n'a pas pu faire ses adieux au Parc. Des adieux qu'on aurait pu imaginer pleins d'émotions et d'amour entre le Parc et le joueur. 

Malgré toutes les galères, les moqueries et les insatisfactions, Edinson Cavani est bel et bien une légende des Rouge et Bleu. Une légende qui n'a pas su montrer à 100 % qui elle était. Une chose est sûre : il a sa place aux côtés de Raí, Pauleta, Ibrahimovic et même Sušić. 

Aujourd'hui, son avenir reste flou. L'Atletico, Newcastle, l'AS Roma, de nombreux clubs sont intéressés par ce joueur de classe mondiale. Il semble bien partie pour rester en Europe et satisfaire un nouveau club.

Merci Edi, à bientôt !