Analyse : Verratti, le petit hibou retrouve ses ailes !

Marco Verratti face au Real Madrid lors de la 1e journée du Groupe A de la Ligue des Champions, en septembre dernier.

Il est surnommé comme le « joueur de l'Émir du Qatar ». L'international italien, Marco Verratti, est arrivé au Paris Saint-Germain en 2012, à l'âge de 19 ans, pour incarner le projet qatarien sur le long terme. Sept ans plus tard, le petit hibou est un titulaire indiscutable et un joueur essentiel de l'entre-jeu parisien.

L'homme aux 297 Matches joués avec Paris a prolongé jusqu'en 2024 avec le PSG, en octobre dernier : « Je pense que j'arrive au moment le plus important de ma carrière. Je pense qu'à 27 ans, tu connais beaucoup plus de choses, tu as plus d'expérience (...). C'est pour ça que je suis vraiment content de pouvoir poursuivre ici à Paris. »

La pire expérience de sa carrière : la pubalgie

Pourtant la carrière du 'petit hibou' a failli tourner court. L'expérience d'une longue blessure lui fait vivre des mois difficiles, lors des saisons 2014/2015 et 2015/2016. Une pubalgie l'handicape et lui fait ressentir des douleurs atroces. Une blessure qui le suivait depuis ses débuts dans le football professionnel à Pescara en 2011, comme il l'a confié dans les colonnes du Parisien en juillet 2016 : « Cette pubalgie, je la traîne depuis que je suis à Pescara. Après, ça a empiré et j'ai compris. Je faisais tout pour être sur le terrain, mais une fois que j'ai vu que ce n'était plus possible, j'ai décidé de me faire opérer. » Cette saison 2015/2016 est sans doute la pire saison de la carrière de Verratti. Au total, l'italien aura manqué 30 matches sur 59 matches jouables. À la fin de la saison, Marco Verratti se rend à Aspetar (Qatar), afin de se faire opérer à l'aine. Une opération synonyme de renaissance pour le milieu de terrain parisien : « C'était très dur. Aujourd'hui, ce jeu est encore plus joli à mes yeux. Ma passion est encore plus grande. Dans la vie de tous les jours, j'ai passé six mois en étant vraiment mal. J'ai réalisé que le foot, ce n'était pas seulement les 90 minutes sur le terrain, les matchs, mais que c'était vraiment ma vie. Dans la tête, c'est une expérience de plus qui m'a fait grandir et me sentir plus fort. »

Trois ans plus tard, l'italien renaît de ses cendres.

Marco Verratti au duel lors du match face à Bruges, en Ligue des Champions.

Lors du stage de pré-saison à Macao, il est le joueur le plus prêt physiquement à aborder la saison. Le 'petit hibou' commence la saison dans l'optique d'assumer ses responsabilités. Avec l'arrivée de Idrissa Gana Gueye, l'italien a désormais des joueurs avec qui il peut construire le jeu au milieu de terrain, lui qui était orphelin de Thiago Motta, parti en retraite en juin 2018 : « Je n'ai pas changé beaucoup de choses, évoque le milieu de terrain italien à propos de sa préparation physique dans les colonnes du Parisien. Seulement, je suis vraiment heureux d'être revenu au travail. À mon retour à Paris, j'ai bien travaillé durant dix jours, beaucoup travaillé. On a bien commencé. Même s'il y a un peu de fatigue, ça nous aidera pour la saison ».

Une hygiène de vie critiquée

Thomas Tuchel affirme cette prise de responsabilité en décrivant Verratti comme "un gars fiable et important" qui "pense toujours à l’équipe et aux autres.". Surprenant, lorsqu'on connaît Verratti pour ses excès et son hygiène de vie incompatibles avec le haut niveau ou un match de quarts de finale de la Ligue des Champions à haute intensité. Plusieurs fois, l'italien déclinait physiquement en arrivant à l'heure de jeu. Père de deux enfants, l'italien est connu pour sa vie nocturne et son attrait pour les boîtes de nuit parisiennes, tels que celles sur l'avenue des Champs-Élysées ou l'Arc à Paris XVI. Il a déjà été surpris clope au bec, en soirée avec Marquinhos en 2016, ou plus récemment au volant de sa voiture avec un taux d’alcoolémie au-delà de la limite autorisée, en novembre 2018. Le milieu de terrain parisien, jeune conducteur, a été contrôlé avec un taux d'alcool de 0,49 mg/l, soit au-dessus de la norme autorisée (0,20 mg/l). Verratti a terminé sa soirée en cellule de dégrisement avant de pouvoir repartir.

Difficile pour James Rodriguez de prendre le ballon aux pieds de Marco Verratti.

Un joueur essentiel dans l'entre jeu parisien.

En juin 2019, trêve de plaisanteries. L'italien semble prendre conscience qu'il met sa carrière en danger. Sous les ordres de Thomas Tuchel, l’international italien redouble de travail afin d'enchaîner les matchs. Depuis son opération à l'aine en 2016, l'italien connaît rarement les blessures. Elles sont en tout cas occasionnelles, voire de courte durée. Il éblouit par ses prises de balle et ses gestes techniques, comme la relance dans la surface parisienne qui mène au but de Mbappé face à l'OM (4-0) en octobre dernier. Défensivement, il est impeccable. Il charme tout le Parc des Princes. Mais, il est fréquent d'entendre les supporters qui crient pour lui demander de frapper au but adverse. Mais l'altruisme empêche l'italien de frapper. Il préfère toujours délivrer la dernière passe afin de se satisfaire et veut prouver son aptitude à tenir son rôle pendant 90 minutes. Depuis ses débuts en Ligue 1, Marco Verratti a inscrit 1 but tous les 10 tirs (5 buts - 50 tirs dont 17 cadrés). Son ancien entraîneur, Laurent Blanc, le définit comme "un amoureux du jeu qui met toujours le jeu vers l'avant". 

Le match face au Mans en 8es de finale de la Coupe de France, le 18 décembre dernier, le prouve. Pendant 90 minutes, Marco Verratti a rendu folle la défense du Mans… Le marquage individuel mis en place par Richard Déziré n'a pas fonctionné. L'italien aime ça. Son centre de gravité lui permet une prise et protection de balle parfaite, digne des plus grandes légendes à son poste. Pas étonnant que le FC Barcelone voulait le recruter en 2016, afin de remplacer Andrès Iniesta. En Ligue 1, il étonne également. C'est un danger constant capable de couper les lignes défensives par ses passes millimétrées. Selon Opta, Marco Verratti a réussi 586 passes dans la moitié adverse lors de cette première partie de saison en 2019/20, plus que tout autre joueur du championnat français.

Verratti et le PSG, unis pour la vie ?

En septembre dernier, le match de Marco Verratti face au Real Madrid reflète très bien la prise de responsabilité de l'italien. L'italien a sans doute délivré l'une des meilleures prestations de sa carrière en Ligue des Champions.

Pour le Cheick Al-Thani, Émir du Qatar et propriétaire du Paris Saint-Germain, toute la carrière du petit hibou doit se réaliser à Paris. Verratti est protégé par son président, Nasser Al-Khelaifi, mais est aussi aimé par ses coéquipiers, tels que Neymar Jr avec qui il entretient une relation privilégiée : « Lui, c’est un phénomène comme personne autant que comme joueur. C’est sûrement l’un des touts meilleurs avec qui j’ai joué. J’adore être sur le terrain avec lui. Il a toujours le sourire, il aime la vie, il rigole, il kiffe. Pour tout ça, je l’adore et on s’entend super bien. » Interrogé par la Gazzetta dello Sport lors du début du mois de décembre, Marco Verratti avait justifié son choix de prolonger au PSG : « Cela aurait pu être la dernière chance de changer de club, mais je pense que gagner avec le PSG est plus beau. J'ai toujours dit que si je me sens bien au même endroit, je n'ai pas besoin d'aller ailleurs ». 

En clair, les clubs, comme le FC Barcelone, semblent avoir aucune chance de recruter le joueur défini comme le meilleur de son club par l'observatoire du football, CIES. Reste à savoir maintenant si l'italien va parvenir à être présent pour les huitièmes-de-finale de la Ligue des Champions. Le petit hibou a été recruté pour le long terme. Mais, il a été recruté surtout pour être prêt dans les grands rendez-vous, à l'âge de 27 ans. Difficile de demander en 2012 à un jeune garçon de 19 ans d'assumer des responsabilités. Quasiment huit ans plus tard, il est dans l'obligation de le faire, au vu de son poste sur le terrain et de son niveau au-dessus des autres à ce poste. Cette prise de responsabilité passe par divers critères. Il y a certes son hygiène de vie qui influe sur son physique. Mais il y a aussi son comportement qu'il doit changer, afin d'éviter des suspensions pour les grands matches, c'est-à-dire lorsque son équipe aura besoin de lui.